
Mehdi Yarmohammadi
Né et grandi en Iran, dans un pays où la représentation du corps humain reste un enjeu politique majeur et où l’alternance entre expression et silence est souvent dictée par un régime autoritaire, il développe une œuvre profondément marquée par cette tension.
Au cœur de sa démarche se trouve la question de la présence et de l’absence, traduite par un jeu constant entre le vide et le plein, le positif et le négatif. Sculpteur, peintre et dessinateur, il explore la matérialité de l’œuvre d’art en interrogeant la masse, la forme et leur impact sur le regard du spectateur, paradoxalement à travers le manque et la disparition.
Sa sculpture monumentale The Bird, créée pour le festival Sculpture by the Sea et aujourd’hui exposée au Folkested Museum d’Aarhus (Danemark), illustre parfaitement cette recherche. Haute de quatre mètres, en acier, elle a été conçue en lien direct avec le paysage unique de la jetée sur la Mer du Nord, en dialogue constant avec les éléments naturels.
Son travail s’inscrit également dans une réflexion sur la culture iranienne, qu’il revisite avec force et ironie. L’iconographie de Shahr-e Sokhteh, site archéologique de l’âge du bronze, revient ainsi régulièrement dans ses œuvres à travers des motifs d’orbes et de cercles en rotation. Par ailleurs, confronté aux contraintes imposées par l’isolement de l’Iran et les sanctions internationales, il intègre dans ses sculptures des revêtements issus des nanotechnologies aux teintes bleues et dorées, réinventant la tradition de la céramique lustrée de l’artisanat perse médiéval dans un contexte géopolitique contemporain.
À travers ce dialogue entre héritage et innovation, poids et absence, matière et énergie, Yarmohammadi construit une œuvre singulière, profondément enracinée dans son histoire personnelle et dans la mémoire collective de sa culture, tout en s’ouvrant à une dimension universelle.